« Rejoindre sans se perdre : Une posture énergétique en soin… qui devient un soin en soi, un soin à l’autre »

Le Docteur Isabelle Charret est médecin capacitaire en gériatrie – gérontologie.

Elle s’est orientée avec passion vers les maladies neuro-dégénératives cérébrales survenant au cours du vieillissement. Depuis 20 ans, elle a exercé dans les différents lieux d’accompagnement des personnes âgées malades (chef de service hospitalier, Centre d’accueil de jour, EHPAD), elle forme les soignants aux spécificités gériatriques, et elle intervient en soutien des aidants ainsi qu’en conseils aux retraités.

Pour nous parler de la Formation pour professionnels de la santé et de la relation d’aide, le Docteur  Isabelle Charret nous a envoyé un « florilège de ses élans convaincus pour cette pratique dans le soin » que nous vous livrons ici :

Ma curiosité m’a toujours portée à élargir ma pratique vers des approches novatrices et efficaces du soin en gériatrie afin de l’améliorer.

Pendant des années, je découvre, utilise et enseigne un large savoir-faire médical gériatrique ainsi que des méthodes d’accompagnement assez satisfaisantes autour de la relation d’aide. Mais je partage avec mes collègues soignants de toutes qualifications, un besoin d’amélioration dans la gestion des situations professionnelles en étant convaincue qu’il nous faut explorer d’autres façons de faire pour avancer… Notre aspiration ne se pose pas en termes de succès ou de performances : il s’agit plutôt d’un besoin d’épanouissement des soignants, patients et leurs proches.

C’est alors que je  trouve sur ce chemin  la formation en Qi Gong Corps Vivant Corps Conscient sur les techniques de travail énergétique dans la relation d’aide. Je mets à profit la riche palette de cette instruction pour l’appliquer au quotidien, avec une satisfaction profonde, à toutes les facettes de mon exercice professionnel.

Le Tan Tien, centre du corps

Lorsqu’on côtoie des personnels soignants, lorsqu’on leur dispense des formations, il est stupéfiant de constater leur formidable oubli d’eux-mêmes, même si dans ces métiers, la finalité est de s’occuper de l’autre… Au nom du dévouement, de la compassion, de la solidarité face à une extrême vulnérabilité des malades gériatriques, etc., le soignant se précipite dans le soin au détriment de lui-même. L’élan vers l’autre, dans une intention de soins, peut précipiter le soignant hors de lui-même…

Combien, alors, l’arrimage au centre vital du corps : le Tan Tien, dont je reçois l’enseignement au sein de cette formation, est pertinent pour ne pas se perdre. Il est utile de s’y connecter avant l’entrée dans une situation délicate, mais aussi d’avoir le réflexe de s’y relier lorsqu’on ressent un dérapage ou un débordement émotionnel …

Apprendre à se mettre à l’écoute

C’est ouvrir un espace d’accueil à l’autre. C’est orienter ses antennes corporelles vers ce qui se passe et capter au mieux une situation. Il s’agit de faire taire son propre mental, ses jugements, ses peurs, ses pulsions .

Les mains

De la paume au petit doigt, elles sont une ressource formidable. Dans nos professions soignantes, les mains sont constamment utilisées.

Par ces mains, le toucher, axe humain fondamental s’exerce, l’énergie vitale du chi peut passer pouvant être perçue par l’autre, transmettre la chaleur, la présence.

Ouvertes : elles invitent à l’accueil. En mouvement : elles examinent, exécutent un geste technique, font un examen clinique, réveillent une douleur parfois, sont dans diverses gestuelles non verbales… Posées: elles apaisent. D’aucuns soulagent la douleur grâce à l’énergie qu’elles véhiculent….

L’épuisement

Parfois, je peux me sentir comme vidée. Il y a, à côté de la lourdeur de certaines journées dures (survenant de façon habituelle dans ce cadre professionnel), des déperditions de vitalité que je ne m’explique pas : entrer dans la chambre d’un certain patient en fin de vie, côtoyer une certaine famille… La plupart de mes collègues soignants – toutes fonctions confondues – partagent ce quotidien avec moi…

Oui, Il existe des manières de se protéger du « pompage » de notre énergie de vie : les lieux dans lesquels nous exerçons ne concourent pas à nous apporter de l’énergie, les situations rencontrées nous en prennent.

Oui, Il existe des façons de se ressourcer.

Oui, La négligence de ce travail énergétique corporel peut me déposséder de ma force vitale et je m’épuise.

Conclusion

Plusieurs années de pratique m’amènent à la conclusion qu’ il m’est impossible de voir des aspects négatif dans l’exercice de cette pratique corporelle énergétique dans le soin. Le fait d’être dans une posture juste entraine des ressentis et des jugements justes. Cela change des notions d’échecs et de succès, vision très binaire et peu nuancée de notre exercice de plus en plus quantifié… En effet, dans une situation de soins, lorsque j’ai lancé une intention juste, que les moyens utilisés sont les plus adaptés possibles, et que je me suis mise en bonne posture, je sais que j’ai fais tout ce que je pouvais  pour le patient sans m’oublier.  Satisfaction, épanouissement seraient donc possible.

« Inscrite en moi-même, ayant transformé mon être-soignant et ainsi mon exercice, l’énergétique corporelle que j’utilise avec un émerveillement sans cesse renouvelé s’intègre parfaitement dans les voies novatrices de la relation d’aide »